Victimes et citoyens contre l'insécurité routière

Le gouvernement entend doubler le nombre de radars d'ici cinq ans

PARIS (AFP) — Le gouvernement entend doubler d'ici cinq ans le nombre de radars sur les routes, une annonce que pourrait faire Nicolas Sarkozy le 5 octobre à l'issue d'un conseil restreint de sécurité routière, a-t-on appris vendredi de sources gouvernementales et associatives.

Selon Vincent Julé, vice-président de l'association Victimes et citoyens (AVEC), qui a rencontré la semaine dernière des conseillers gouvernementaux, le chef de l'Etat va présider un conseil restreint sur la sécurité routière le 5 octobre et s'exprimer sur le sujet dans la foulée. La tenue de ce conseil et la date sont aussi citées par des sources gouvernementales.

A cette occasion, le président devrait annoncer un plan quinquennal d'installation de radars, au rythme de 400 à 500 par an, a-t-il dit à l'AFP.

L'Elysée ne communique pas sur les conseils restreints, a indiqué vendredi à l'AFP David Martinon, porte-parole de l'Elysée.

Ce plan quinquennal a cependant été confirmé à l'AFP par une source gouvernementale tandis qu'un autre responsable d'association de victimes a évoqué le chiffre de 2.000 nouvelles machines.

Ce plan aboutira à un doublement du nombre de radars sur les routes d'ici à la fin du quinquennat, compte tenu qu'à la fin de l'année, 2.000 machines (2/3 fixes et 1/3 mobiles) seront en service, selon l'objectif réaffirmé en juillet par Jean-Louis Borloo, ministre de l'Ecologie chargé de la sécurité routière.

Ces déploiements correspondent grosso modo au rythme actuel de 500 machines fixes et mobiles par an. Actuellement, il y a environ 1.600 machines en activité (près de 1.000 fixes et 600 mobiles).

Le gouvernement pourrait cependant modifier le ratio installations fixes-installations mobiles car il juge que les machines fixes, ne demandant ni personnel, ni dépense de carburant, sont plus efficaces.

Il envisage aussi de ne plus signaler individuellement chaque radar mais seulement d'alerter de la présence de machines sur une portion de route, une hypothèse déjà très brièvement évoquée au niveau gouvernemental quelques semaines avant les élections législatives.

"L'important pour nous, c'est que le plan radar continue", a déclaré à l'AFP Geneviève Jurgensen, fondatrice et porte-parole de la Ligue contre la violence routière.

Le gouvernement entend aussi renforcer la lutte contre l'alcool au volant. Les pouvoirs publics veulent, selon M. Julé, renforcer les contrôles ciblés (les nuits de week-end, les vendredis et dimanches après-midi) et promouvoir l'auto-test par les conducteurs.

Un autre responsable associatif évoque une sanction automatique infligée au premier délit lié à l'alcool au volant (taux supérieur à 0,8 g/l).

Une réflexion sur le permis (accélération des délais de repassage de l'examen en cas d'échec, modernisation de la formation) de même qu'un plan en faveur des usagers vulnérables (piétons et cyclistes) pourraient également être évoqués.

"Reportages" (TF1) proposera un sujet sur le permis à points avec la participation de "Victimes et Citoyens"

Le magazine « Reportages » proposera un sujet sur le permis à points samedi 13 octobre à 13h30 sur TF1. Une ceinture oubliée, un feu passé à l'orange, un léger excès de vitesse.... Et les points sont retirés de votre permis. Deux, quatre, six, douze points et c'est le zéro fatidique, le retrait du précieux document.

Huit millions de points retirés, quatre millions et demi d'infractions constatées... Les chiffres ont explosé depuis trois ans et ils seraient 70.000 conducteurs à avoir perdu leur permis. Alors comment font-ils ?

Il y a ceux qui conduisent sans permis malgré les risques. Il y a ceux qui repassent l'examen en échange d'un permis probatoire. Il y a encore ceux qui suivent des stages pour récupérer quatre points.... Pour tous « le plus dur ce n'est pas d'avoir le permis, c'est de savoir le garder ».

Un contrôle par une patrouille de la sécurité routière, un excès de vitesse.... Il n'en faut pas plus pour qu'un permis perde des points. Il roulait à 131 sur une nationale limitée à 90 km/heure. Intercepté, le conducteur a déjà perdu trois points... « Vous allez être sanctionné pour la vitesse retenue de 124 km/heure. Vous êtes susceptible de perdre trois points sur votre capital ». Encore deux infractions du même type et il perdra son permis. Huit millions de points retirés, quatre millions et demi d'infractions constatées. Les chiffres ont explosé depuis trois ans. 60% des points retirés le sont pour des excès de vitesse inférieurs à 20 km/heure. Avec les contrôles renforcés beaucoup de conducteurs se retrouvent en difficulté.

Marc Ducrot est chauffeur routier. De petits excès de vitesse, à l'oubli de la ceinture, il a fini par perdre tous ses points. «Ca va très vite ! Ca fait 30 ans que je fais du transport et en un an et demi, j'ai perdu tous me s points par un point, par deux points...». Les gendarmes on dû venir chercher son permis à son domicile. Pour ne pas rester dans l'illégalité, Marc Ducrot a repassé l'examen du permis de conduire. Titulaire d'un permis probatoire, il bénéficie d'un capital de six points qui augmente de deux points chaque année pendant trois ans à condition qu'il ne commette aucune infraction. Ils sont 70.000 en France a avoir perdu leur permis.

Retrouver son permis c'est possible en suivant une procédure précise : repasser le code, une visite médicale et des tests psychotechniques. Benjamin, en attendant le résultat de la procédure d'annulation qu'il a engagée au tribunal, conduit sans permis mais plus prudemment qu'avant. Il risque 15.000 euros d'amende, un an d'emprisonnement et la confiscation de son véhicule. Et surtout, Benjamin n'est plus couvert par son assurance. Pour ce jeune père de famille qui veut devenir chauffeur de taxi, ce permis de conduire c'est surtout un permis de travailler.

Pour une somme allant jusqu'à 4500 euros, quelques avocats promettent la restitution du précieux document. C'est le cas de Maître Dufour, spécialisé dans le droit automobile. Il a gagné tous ses procès en plaidant le vice de forme. « J'ai des clients qui ont appris que leur permis était annulé lors d'un contrôle inopiné de police sans jamais avoir reçu de document administratif. C'est là que le bât blesse. Vous avez beaucoup de gens qui conduisent malgré l'annulation de leur permis en toute bonne foi. Et lors d'un contrôle : vous êtes placé en garde à vue, votre véhicule est immobilisé. On vous traite comme un délinquant alors que vous êtes tout sauf un délinquant routier. ».

Pour aider les conducteurs qui souhaitent connaître leur capital de points et aussi pour les responsabiliser, le Ministère de l'Intérieur a mis en place un service spécial sur internet. Le permis à points a aussi ses défenseurs comme Vincent Julé-Parade, vice président de l'association Victimes et Citoyens « L'objectif c'est de provoquer une prise de conscience : sur la route on peut tout gâcher très facilement. La vie on n'en a qu'une. Elle a une valeur inestimable ». En 1995 Vincent a perdu sa mère fauchée par un conducteur ivre et en excès de vitesse. Bénévole depuis huit ans, il essaye de sensibiliser les jeunes pour éviter que des drames comme le sien se perpétuent parce que « finalement ça peut être vous. Ca peut être moi. Il suffit de peu de choses pour passer de l'autre côté. ».

Robert Thibault anime des stages de sécurité routière et s'il admet que la conduite parfaite n'existe pas, il est effaré de constater qu'à chaque coin de rue des infractions sont commises. Tout au long des stages qu'il anime, Robert rencontre des conducteurs indisciplinés. Chaque année, ils sont plus de 100.000 à suivre une session de récupération de points pour 250 euros. Au bout des deux jours, chacun repart avec son attestation et surtout quatre points tout neufs ! C'est promis, ils feront plus attention.... Plus souvent pour conserver leur permis que pour des raisons de sécurité. Sur 38 millions de conducteurs, 70% ont encore tous leurs points.

Carambolage de l'A10: Où sont les responsables?

Le 5 novembre 2002, une collision en chaîne a impliqué 58 véhicules sur l’autoroute A10. La catastrophe a fait 9 tués et 40 blessés. Tous les conducteurs ont déclaré qu’ils avaient été surpris par un nuage de fumée très épaisse et sentant le brûler. Cinq ans plus tard, de nombreuses questions restent sans réponses.

Pourquoi les pouvoirs publics n’ont-ils pas tirés les conséquences d’un précédent accident s’étant produit au même endroit onze mois plus tôt avec le même nuage de fumée ? Pourquoi la société d’autoroute n’a t-elle pas amélioré les dispositifs d’information sur ce secteur ? Pourquoi l’usine de carbonisation située à 4km de l’accident n’a t-elle pas mis en place les dispositifs nécessaires pour réduire ses émissions de fumée ? Pourquoi la Justice n’a t-elle mis en examen que les automobilistes ?

L’Association « Victimes et Citoyens contre l’insécurité routière » déplore que l’absence au procès de la société d’autoroute et ainsi que celle de l’usine voisine ne permettent de faire toute la lumière sur cette catastrophe.

Les victimes de l’A10 et leurs familles ont peu de chances de voir la vérité sorties du procès qui s’ouvre aujourd’hui à Poitiers (86). Et surtout rien ne garantit qu’une nouvelle catastrophe ne se produise à l’avenir.