Cette information a été dévoilée par Jean Chapelon et Pierre Sibi, deux experts de l'Observatoire national interministériel de la sécurité routière, en charge de l'étude « Le téléphone portable au volant ». Daté du 28 mars 2007 et remis dernièrement au Conseil de la sécurité routière, le rapport a également souligné que 44 % de conducteurs possesseurs d'un mobile ont reconnu qu'il leur arrive de téléphoner en conduisant. Pour mettre fin aux accidents causés par le téléphone portable au volant, les deux investigateurs de l'étude préconisent l'interdiction formelle de cette pratique...
Qui sont les adeptes du mobile au volant ?
Corinne Brusque de l'Institut National de Recherche sur les Transports et leur Sécurité a collaboré à cette étude en confiant les résultats d'une enquête portant sur l'utilisation du téléphone portable au volant.
Elle a distingué quatre catégories parmi les conducteurs utilisateurs de téléphone mobile sélectionnés (920): 32 % d'individus n'utilisent jamais le téléphone en conduisant ; 37 % d'utilisateurs prudents n'appellent jamais et décrochent selon le contexte de conduite et 27 % d' utilisateurs régulateurs appellent rarement et décrochent plus ou moins.
Les insouciants qui déclarent les attitudes les plus extrêmes du point de vue du non-respect de la réglementation et de la prise de risque regroupent 4 %. Dans cette dernière catégorie, Corinne Brusque précise que les gros rouleurs (plus de 25 000 km par an) et les utilisateurs du téléphone pour raisons professionnelles sont sur-représentés.
Pour compléter ces informations, Jean Chapelon et Pierre Sibi ont intégré à leur rapport un sondage réalisé en décembre 2006 par l'IFOP pour le compte de l'Observatoire national interministériel de sécurité routière. Parmi les données de ce document basé sur un échantillon national représentatif de 1 000 individus, on retrouve les 44 % de conducteurs possesseurs d'un mobile qui avouent qu'il leur arrive de téléphoner en conduisant.
Il apparaît également que l'utilisation du téléphone portable au volant est très fortement liée avec l'âge : 51 % des conducteurs de moins de 50 ans reconnaissent téléphoner en conduisant (et 64 % pour les 18-24 ans) contre 21 % pour les plus de 50 ans. Il en est de même pour la lecture ou l'écriture de SMS, qui reste une pratique rare mais quasiment exclusive aux 15-34 ans.
Pour les personnes qui téléphonent en conduisant, la fréquence d'appel a été estimée à un appel tous les 67 km au cours d'une journée en semaine, et un appel tous les 111 km au cours du week-end.
Zéro mobile au volant = 7 % d'accidents en moins
L'étude a permis d'évaluer la répartition téléphone tenu en main et kit mains-libres en France. 41 % des conducteurs amenés à téléphoner en conduisant utilisent ainsi plus souvent le téléphone tenu en main (la pratique étant interdite depuis 2003 !). Ce résultat est très proche du Royaume-Uni (39 %). Face à eux 37 % utilisent le kit mains-libres.
En 2005, une étude épidémiologique australienne avait précisé que le conducteur qui faisait usage du téléphone portable tenu en main avait un risque 4,9 fois plus élevé d'avoir un accident que celui qui ne téléphone pas. L'usager optant pour le kit mains-libres avait, pour sa part, un risque 3,8 fois plus élevé d'avoir un accident contre un conducteur qui n'utilise pas son téléphone au volant. Les experts déclarent ainsi que « cette dernière pratique s'avère presque aussi dangereuse que le téléphone tenu en main. »
Dans la même lignée, ces derniers ont calculé que le nombre d'accidents pourrait approximativement être réduit de 7 % à 8 % si aucun conducteur ne téléphonait en conduisant
Quelles solutions envisagées au sujet du mobile au volant ?
Afin de réduire les risques liés à l'utilisation du téléphone au volant, Jean Chapelon et Pierre Sibi ont préconisé dans leur rapport « une réglementation en interdisant formellement toute utilisation du téléphone portable au volant […], en réalisant des mesures au bord des routes et en poursuivant les recherches. »
Le Conseil National de Sécurité Routière qui a pris connaissance, dans sa séance du 3 avril 2007, de l'étude de l'Observatoire national interministériel de sécurité routière, a estimé que « les usagers n'ont, pour beaucoup d'entre eux, pas conscience du risque du kit mains-libres » et que « l'interdiction par le Code de la route du seul usage du téléphone tenu en main accrédite la croyance que l'utilisation du téléphone portable avec un kit mains-libres en conduisant ne présenterait pas de danger particulier. »
Par conséquent, le CNSR a opté pour une « communication forte qui vienne sensibiliser les usagers sur ce risque », l'encouragement de l'interdiction de l'usage du téléphone pour les collaborateurs d'une entreprise lorsqu'ils conduisent en mission et que l'Observatoire national interministériel de sécurité routière « réalise des mesures régulières de la part de conducteurs qui téléphonent au volant dans la circulation. »
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