Le 29 janvier dernier, à l'aube, le téléphone sonne. C’est la maman de Benjamin mon frère. Elle demande mon père, je lui réponds qu'il dort. Elle dit fortement dans un calme incroyable que c'est très important.
Je le réveille…
J’entends hurler comme je n'ai jamais entendu quelqu'un crier, ce cri retentit encore en moi.
Je ne comprends pas. J'imagine tout sauf la mort…Folle d’angoisse je demande à papa ce qui se passe, il ne répond pas, il ne peut sans doute pas. Finalement il me dit que Benjamin a eu un grave accident, qu'on va le voir.
Il appelle la famille, les amis....
Alors, je comprends qu’il y a eu quelque chose de très grave. Je ne veux toujours pas penser à sa mort.
Je hurle « mais dit moi ce qui c'est vraiment passé!! »
Et là, les mots tombent. Je me suis effondrée, je ne sais plus où je suis.
Le jour de la cérémonie, je me retrouve devant cette église, sans savoir où aller, vers qui me tourner, il y a un grand vide en moi.
Le retour "à la réalité" a été très dur et l'est toujours.
Je ne réalise pas que j'ai perdu un frère, le mien.
Les deux garçons qui ont provoqué l’accident, sont à peine plus âgés que moi. Ils m'ont arraché une personne que j'aimais particulièrement. Il était le seul à qui je pouvais véritablement parler sans me sentir jugée. J'ai l'impression que je ne lui ai pas assez dit « je t'aime », je le regrette, ça me fait beaucoup de mal.
Cela ne faisait que trois ans qu'il était revenu vivre en France, avant j'attendais que mes parents partent pour l'appeler aux USA…On avait nos secrets.
Je l'aime de tout coeur et il me manque terriblement
Le procès qui a jugé les garçons n'a aucunement soulagé ma peine, la justice n'a pour ma part pas fonctionnée. Je sais que certains disent que ces jeunes souffrent d'avoir une mort sur la conscience; mais c'est la famille, les amis, les proches et tous ceux qui l'aimaient qui souffrent le plus, j'espère tout de même qu'ils y penseront toute leur vie et qu'ils essayent d'imaginer comme je peux souffrir.
Envers ces jeunes je ressens de la haine, je voudrais qu'ils comprennent tout le mal qu'ils ont fait, pourquoi ce sont eux qui sont restés. Mon frère le meilleur être que je connaisse a été tué par deux personnes n'assumant pas leurs actes, ils ont été lâches d’avoir laissé mon frère sans assistance, sans prévenir les secours ; ça me choque.
Je veux encore dire que je l'aime très fort et qu'il est prêt de moi, même s’il n'est pas là physiquement.
Commentaires