Pourquoi avez-vous rejoint " Victimes et Citoyens contre l'insécurité routière " ?
Quand on perd sa mère, à douze ans, tuée par un chauffard ivre et roulant en excès de vitesse, tout bascule. Le monde s'écroule sans que vous puissiez faire quoi que ce soit. Les causes de ce gâchis identifiées, votre colère grandit. Votre volonté d'éviter ça à d'autres aussi. C'est alors que naît l'envie d'être utile et d'apporter sa pierre à ce combat pour la Vie. Quand en 1999, j'ai commencé à milité, on comptait près de 10 000 morts chaque année sur les routes dont 2 500 jeunes. Il fallait réagir.
Vous êtes devenu un militant de la prévention des jeunes...
L'insécurité routière est la première cause de mortalité des jeunes français. On sait que 90 % des accidents sont dus au comportement humain. Il n'y a donc pas de fatalité. Toucher les jeunes à ce problème est un défi permanent. Comment leur parler ? Comment les convaincre ? Comment les mobiliser ? Comment leur faire comprendre que le jeu n'a pas sa place sur la route ? Les jeunes sont imperméables à beaucoup de choses en matière de prévention. Je pense que si " des jeunes parlent aux jeunes ", le message passe mieux, est mieux assimilé. Ainsi, avec d'autres, nous traversons la France, allant dans les lycées, collèges, universités, discothèques avec un message clair : " La Vie est belle, éclatez-vous mais pas en voiture ".
Les jeunes vous écoutent-ils ?
Je pense que mon âge est l'une des clés du succès. Si j'avais cinquante ans, si j'arrivais devant eux en costume, le message ne passerait pas. Il faut absolument éviter l'image du parent, du professeur, du moralisateur. Notre méthode réside dans l'instauration d'un dialogue. Etant jeune, j'ai à peu de choses près la même vision de la vie, le même mode de vie... Je peux leur expliquer que j'aime également faire la fête avec des amis, tout en étant prudent, qu'il est indispensable que celui qui conduise ne boive pas.
Vous intervenez également depuis plusieurs années auprès des pouvoirs publics, en quoi cela vous paraît-il indispensable ?
Au début de mon engagement, les jeunes étaient, comme aujourd'hui, les premières victimes de la violence routière. Les pouvoirs publics cherchaient des solutions, en vain, occultant systématiquement de consulter les jeunes. C'était pourtant essentiel ! Qui mieux que des jeunes peuvent réfléchir efficacement pour d'autres jeunes ? Au fil des années, nous avons obtenu d'être consulté, de plus en plus régulièrement. Cela passe par des réunions trimestrielles avec le délégué interministériel à la Sécurité routière, Monsieur HEITZ, par une présence au Conseil National de la Sécurité Routière (C.N.S.R.). Cet aspect de l'action, si elle est moins visible, est tout aussi indispensable.
Quelles sont les mesures qu'il vous paraît urgent d'adopter en ce qui concerne les jeunes ?
Depuis deux ans, les choses ont énormément changé en France. Notre pays semble être un exemple en Europe. Depuis le 1er mars 2004, le permis probatoire est rentré en vigueur. C'est une bonne mesure. Elle n'est pourtant pas suffisante. Après avoir changé la forme du permis, il faudrait réfléchir à en changer le fond, revoir les méthodes d'enseignement. Nous militons également de façon très active pour l'instauration d'une bourse d'aide au financement du permis de conduire.
Quelle est, pour vous, la force de " Victimes et Citoyens " ?
La diversité de ses membres incontestablement. Lors d'une réunion des délégués, au mois de novembre dernier, j'ai été bluffé par leur motivation. Grâce à eux, notre opération " éthylotests gratuits ", qui s'est tenue le 24 décembre dernier dans douze villes, a été un succès. Ensemble, nous saurons être actifs et efficaces.
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